Préface des Éditions de Londres
Le « Périple d’Hannon » est un court récit décrivant l’exploration qu’aurait faite Hannon, navigateur carthaginois, le long des côtes nord-ouest de l’Afrique à une date assez mal définie se situant entre le VIe et le IIIe siècle av. J.-C.
Ce récit écrit en phénicien avait été gravé dans le marbre et déposé dans le temple de Cronos à Carthage. Ce marbre a disparu lors de la destruction de Carthage, mais on en a retrouvé une copie traduite en grec.
L’authenticité de ce récit a été souvent mise en cause, en particulier Strabon la contestait. Il est possible que ce soit une invention d’un Grec s’appuyant sur différents textes. Il est possible que le texte que nous possédons soit le résultat de plusieurs copies successives ayant altéré l’original.
Nous donnons le texte, tel qu’on le trouve dans la traduction de Stéphane Gsell et pour éclairer ce texte, nous reproduisons le passage de l’Esprit des lois dans lequel Montesquieu affirme sa certitude de la réalité du Périple d’Hannon. Nous reproduisons le Mémoire que Bougainville avait publié qui permet de situer le Périple d’Hannon dans l’histoire de Carthage. Nous reproduisons également les commentaires de Stéphane Gsell tentant de situer les différents lieux dont parle le Périple.
Les nombreux exégètes
Le périple d’Hannon a fait l’objet de beaucoup de commentaires et d’analyses au cours des siècles.
Citons :
Pascal-François-Joseph Gosselin, Recherches sur la Géographie des Anciens, vol. 1, 1795
Auguste Mer Mémoire sur le périple d’Hannon, 1885
Karl Müller : Périple d’Hannon, roi des Carthaginois au-delà des colonnes d’Hercule, traduit par Ph. Cazeneuve, 1889.
Stéphane Gsell, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, Tome I, 1920.
J. E. Casariego, EI Periplo de Hannon de Cartago, Madrid 1947.
Jérôme Carcopino, Le Maroc antique, 1943
Les hypothèses sur les lieux
Les différents commentateurs ne sont pas en accord sur la position des différents sites apparaissant dans le Périple d’Hannon.
Nous indiquons ici le positionnement des différentes colonies tel qu’il résulte de l’analyse de Stéphane Gsell corrigée par Jérôme Carcopino (cf. ci-dessous les références).
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Site du périple |
Localisation actuelle |
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1 |
Thymiatérion, première colonie |
Mehdya, embouchure de l’oued Sebou |
2 |
Cap Soloéis, sanctuaire à Poséidon |
Cap Cantin |
3 |
5 colonies : Mur Carien, Gytté, Acra, Melitta et Arambys. |
Au nord du cap Cantin, selon l’hypothèse de Carcopino |
4 |
Lexus, ville phénicienne |
Larache |
5 |
Cerné, septième colonie |
Entre le cap Juby et le cap Bojador (ou Boujdour) |
L’analyse de Montesquieu
Montesquieu, dans son Esprit des lois, paru en 1748, dans un court passage (livre 21, chapitre 11) que nous reproduisons ici, défend vigoureusement l’authenticité du Périple d’Hannon à laquelle les Anciens ne voulaient pas croire.
L’analyse de Bougainville
Bougainville, célèbre navigateur, auteur du Voyage autour du Monde a fait paraître en 1759 un Mémoire sur les découvertes et les établissements le long des côtes d’Afrique par Hannon, Amiral de Carthage.
Le mémoire de Bougainville retrace l’histoire de Carthage permettant de comprendre les motifs ddu Périple d’Hannon et à quelle époque il a pu avoir lieu.
Bougainville essaie de positionner les différnets sites indiqués dans le Périple. Ces positions ont été largement remises en cause par des auteurs plus récents.
L’analyse de Stéphane Gsell
Dans le tome I de son Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, publiée en 1913, Stéphane Gsell fait une analyse détaillée du Périple d’Hannon que nous reproduisons ici.
Son analyse est intéressante pour essayer de comprendre le positionnement dans l’Afrique d’aujourd’hui des différents sites cités dans le Périple, même si ces hypothèses n’entrainent pas encore l’unanimité des commentateurs.
Jérome Carcopino dans Le Maroc antique paru en 1943 propose des variantes aux hypothèses de Gsell que nous indiquons en note dans le texte.